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Par Caillie le 14 Septembre 2006 à 09:24
LA LEGENDE DES ORIGINES DES GITANS
Daprès Veijo BALTZAR extrait de Phuro *,
Les nomades racontent quils trouvèrent un jour dans les steppes orientales un petit garçon dont la mère était une jument. Il avait la peau tannée et dun brun cuivré et ses cheveux dun noir bleuté avaient laspect dune épaisse crinière. Ce petit garçon vivait parmi les nomades près de montagnes rocailleuses, il grandit et devint comme eux un robuste jeune homme. Il emmenait paître les chevaux dans les prairies et devint un habile cavalier et dresseur de chevaux. Dans cet immense paysage désolé il devint terriblement ardent et impétueux. A la différence dun garçon ordinaire, ce fils de jument était vif et assoiffé daventure. A cause de son intrépide curiosité, de son sang chaud et de son apparence peu commune, les autres jeunes gens lévitaient et le regardaient de travers. Plus il devenait beau et indépendant, plus les autres lévitaient et dédaignaient sa compagnie. A la fin, adultes et enfants se mirent à se moquer du jeune homme brun et à lappeler : Gitan.
Cela lui fit terriblement mal au coeur et il se réfugia dans la paix des montagnes. Dans sa solitude il devint maussade et dhumeur orageuse.puis de jour en jour il se mit à apprécier ce nouveau nom pétulant « Gitan ». Un jour lui vint lidée de hurler ce mot à travers un profond canyon. « Gitan, Gitan, Gitan » répétait lécho. Plus il écoutait ce mot, plus il devenait puissant et expressif, et plus cela lui plaisait. Les moqueurs attendaient le contraire, mais le jeune homme samouracha de ce nom. Selon lui il convenait admirablement à sa personne, bien mieux quaucun autre nom dhomme.
Les nomades pensèrent que le jeune homme allait mourir de faim dans les montagnes. Mais quand quelques mois après ils le virent revenir, ils furent terrifiés. Ils étaient convaincus que le fantôme du jeune homme était descendu pour prendre sa revanche sur eux. Mais lui, le fils de jument, les saluait dune manière amicale en disant : « Gitan ». Les nomades étaient éberlués, mais le jeune homme souriait et leur permit de le toucher pour quils soient sûrs quil était en chair et en os. « Gitan » répétait-il en riant et en pointant son doigt vers lui. A partir de ce jour, il commença à sappeler Gitan et demanda aux autres de lappeler ainsi.
Les années passèrent et à la longue, la nouvelle de cet étrange jeune homme arriva aux oreilles dun lointain Pharaon. Quand celui-ci apprit que nulle part au monde on ne pouvait trouver un aussi bon cavalier que le gitan, il convoqua la jeunesse et organisa une course hippique pour voir de ses yeux de quoi ce jeune homme était capable. Les meilleurs sujets du royaume prirent part à la course et Gitan triompha de tous. Alors le Pharaon fut conquis. Il prit Gitan à sa cour et en fit immédiatement un puissant chef militaire.
Gitan devint un héros célèbre qui abattit un à un les ennemis du Pharaon et que ses soldats aimaient et respectaient comme leur propre père. Un jour alors quil venait de vaincre les troupes dun royaume voisin au cours dune sanglante bataille, le roi vaincu linvita à venir négocier dans son camp. Gitan accepta loffre. Le roi lattendait sous sa tente mais il nétait pas seul. La fille du roi était également présente, cétait une superbe beauté brune dont il devint passionnément amoureux.Comme sil avait deviné les pensées de Gitan, le roi lui fit une proposition : si Gitan lui laissait la vie sauve et épargnait son royaume, il serait récompensé en lui accordant la main de la princesse. Gitan était confronté à un choix pénible et sa décision fut longue à prendre. Mais lamour lemporta sur ses obligations envers Pharaon. Il écouta son coeur et resta avec ses troupes fidèles à la cour du roi étranger.
Quand Pharaon apprit cela, il déclara immédiatement que Gitan et sa bande de soldats étaient des traîtres et envoya son armée pour les faire prisonniers. Gitan était sûr de son choix, mais il avait de la peine pour ses soldats car il savait que ses adversaires étaient bien plus puissants. Juste avant la bataille décisive, il offrit à ses hommes la possibilité de changer davis, mais ils refusèrent ; ils étaient prêts à se battre jusquà la fin et à mourir aux cotés de leur seigneur. Emu par lamour de ses hommes, Gitan pleura en leur présence, prit son luth et joua en chantant devant eux une magnifique complainte. Ensuite il embrassa sa bien aimée et se lança dans la bataille à la tête de sa compagnie.
Néanmoins, la princesse refusa de lattendre en lieu sûr et malgré les protestations de Gitan, elle le suivit sur le champ de bataille. Apercevant une flèche arriver droit sur la poitrine de Gitan, elle courut au devant de lui et fut tuée. Gitan arracha le corps de sa bien aimée des griffes de lennemi et senfuit du champ de bataille avec son précieux fardeau. Très loin dans le désert, il déchira ses vêtements pour en faire un linceul pour lâme de sa bien aimée. Il lemporta avec lui et enterra son corps sous une falaise rocheuse. Désertant la bataille, Gitan rassembla ses hommes les plus fidèles, qui même dans la défaite ne voulaient pas le quitter et il partit avec eux en direction du Nord.
Il fut déclaré coupable dans le monde entier, à cause de sa trahison. Il se cacha avec sa compagnie dans la forêt, se nourrissant de racines, buvant leau des rivières et dormant à la belle étoile. Un jour il découvrit une grotte et décida de vivre là. Avec tristesse il se mit à peindre avec son sang le portrait de sa bien aimée sur le mur de sa grotte.
Un jour; une magnifique jeune femme lui apparut venant de nulle part. Gitan était suffoqué par cette apparition, mais la jeune femme lapaisa et lui dit quelle était sa bien aimée. Gitan ne put la croire. Elle lui ordonna douvrir le linceul dans lequel il avait placé lâme de sa bien aimée. Il hésita mais sa curiosité triompha et, le coeur battant, il ouvrit létoffe usée par le temps et miracle/ elle était vide. Alors il pensa que lâme de s bien aimée avait pénétrée le corps de celle qui se tenait devant lui. Il lamena à la lumière du jour et la fit sienne, alors que la pluie tombait en prenant la terre et les cieux à témoin.
Elle devint son épouse et lui donna des garçons et des filles. Le miracle se répandit et aussitôt les fidèles troupes du Gitan, non seulement laimèrent comme leur seigneur juste et vaillant, mais encore il se mirent à lhonorer comme un saint homme. Alors Gitan prit le nom de « Phuro »*, lhonorable père de leur clan. Phuro baptisa ses enfants, ses soldats et les enfants de ses soldats, leur donnant le nom que les nomades lui avaient donné par dérision et cest ainsi que naquit le peuple gitan.
Plus tard, parvinrent aux oreilles dun roi local la nouvelle quune grande multitude de gens vivait dans les montagnes et quil y avait un saint homme dans la forêt. Cette nouvelle de la présence dun puissant adversaire le contraria. Ses intendants cependant lui conseillèrent de mettre Phuro de son coté plutôt que de lattaquer, et cest ainsi que les messagers du roi offrirent à Phuro la citoyenneté de ce pays et une charge à la cour. Mais Phuro navait pas envie de passer sa vie enfermé dans un château et déchanger sa liberté contre la richesse. Il répondit donc au roi : « nous avons ici tout ce dont nous avons besoin. Ici personne ne loue notre sagesse, ni ne condamne notre bêtise et cela nous satisfait .
Cette réponse mit le roi en colère et il envoya aussitôt ses soldats pour semparer de Phuro et des Gitans. Une fois de plus, Phuro fut contraint de senfuir avec son peuple Sous sa conduite, les Gitans traversèrent des forêts que personne navait encore pénétrées, franchissant des montagnes aussi hautes que les nuages et les endroits les plus désolés où lon ne pouvait voir ni un seul être humain, ni une maison. Ils dormirent dans des plaines immenses, se cachant dans les hautes herbes, nourrissant leurs chevaux et se reposant. Au lever du jour, ils partaient et voyageaient toute la journée jusquau soir.
Le voyage des Gitans fut incommensurable. Les chaînes de montagnes se dressaient à linfini et les routes sélevaient jusquaux cieux. Et cest ainsi que le peuple de Phuro vécut la même expérience que celui qui était né dune jument parmi les nomades. Où quils aillent les Gitans étaient partout étrangers. Partout les gens fabriquaient des histoires et racontaient des choses de plus en plus étranges à propos deux et nulle part les gens nessayaient de les comprendre.
* Le Phuro c'est le tuteur moral de la famille. Le mot Phuro (vieux) du romanes a quelque chose de religieux, il vient du sanscrit vrddhà et devient bouddhò en langue pali et bouddhà en langue huidi.
L'étude philologique des langues explique l'histoire de notre culture parce que dans notre langue, il y a l'histoire de notre culture.explication issue de http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/casnav/europeen/culturetsigane/cult_tsi.htm de
Alexian Santino SPINELLI
La vérité sur les Gitans est cachée quelque part, gravée sur les rochers, mais ce passé est encore bien vivant dans la pensée de chaque Gitan, comme des ombres chinoises qui vacillent et rayonnent en irradiant leur mystérieux pouvoir.
Les Gitans nont pas oublié lhistoire de leur Phuro, et la bénédiction de leur honorable père ne les a pas quittés. Les Gitans nont pas besoin de mépriser ou dadorer des dieux étrangers, excepté pour des raisons pratiques. Ils continuent le voyage de leurs ancêtres et, suivant lexemple de Phuro, ils ont la force daimer le monde et de rêver à leur prince et à leur princesse, quand bien même le monde entier semble contre eux et que la haine noire recouvre la flamme de lamour.
La littérature romani possède une tradition orale très ancienne et très riche mais elle sexprime également depuis cinq cents ans à travers les différentes langues nationales en Europe et aux Amériques. Nous assistons dautre part aujourdhui à une formidable renaissance culturelle en langue romani. Celle-ci est dailleurs officiellement reconnue et enseignée en Finlande et dans de nombreux états membres du Conseil de lEurope et de lUnion Européenne.
VEIJO BALTZAR est un écrivain rom né en Finlande en 1942 qui illustre de façon remarquable la richesse et la diversité de la littérature romani contemporaine : il a publié de nombreux romans, pièces de théâtre, écrit un opéra, travaillé pour la radio et la télévision. Nous avons choisi un extrait de son roman PHURO pour vous présenter cette légende des origines. Les mythes sont très révélateurs de la conception du monde que partagent aussi bien les Roms que les Sinti ou les Kale mais ils sinscrivent aussi dans lhistoire indo européenne de notre civilisation.
Article provenant du site http://www.dromedu.org/france.htm. Allez-y voir, il y a des choses intéressantes.
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