• Les Coureux de la Sarthe, par Chevereau

     

     

    Les Coureux

     

     

        Il passait aussi des bohémiens, des coureux. Ah ! Mais ceux-là, on n'aimait pas les voir, on en avait peur.

       " Nous avons faim, donnez-nous du pain, le Bon Dieu vous le rendra. Vous n'auriez pas quelques oeufs aussi ? "

       Parfois, le maître se fâchait : " Vous n'avez qu'à faire comme nous. Travaillez ! " Mais ce n'était pas la bonne manière. " Puisque c'est comme ça, on reviendra cette nuit, on vous fera griller ! "

       Le plus souvent on leur donnait un morceau de pain, un fromage de vache. C'était pour avoir la paix, pour qu'ils s'en aillent. Le soir, on se barricadait, on renforçait les portes des poules et des lapins.

       Leur lieu de stationnement a toujours été la châtaigneraie de la Gonterie. Ils lâchaient leurs chevaux dans les prés.

       La mère Savonneau, elle, n'en avait pas peur. Elle allait les trouver, accompagnée de son chien, et avec une trique à la main. Il fallait qu'ils déguérpissent de ses champs et de ses prés.

       On craignait aussi les landions, des vauriens réfugiés dans les landes de Vaugautier du côté de Brette. La nuit, ils tapaient aux volets, ils loquetaient les portes, d'où le nom de branleloquets * qu'on leur donnait.

       Demander les secours à la police ? C'est loin, Ecommoy, et les gendarmes se déplaçaient à cheval.

       Des mendiants, loqueteux, la besace sur l'épaule, se présentaient à la porte à l'heure du repas.

       - La charité, s'il vous plaît, mes bonnes gens.

       Un morceau de pain sur le seuil, un verre de cidre ou bien le godet...

       La misère anonyme, le malheur... Allez savoir !...

     

    ______

    * Sur la route d'Ecommoy, à l'entrée de la route de l'Armenaudière, le lieux-dit s'appelle " Berloquet " ; c'est le terme sarthois (le contrevent est mal fixé, on l'entend berloquer). Le mot français serait " Branleloquet ".

     

    In, L'Hommedaire, par Gaston Chevereau, Éditions Cénomane, collection " mémoire du lieu ", 1985

     

     

     

    On peut dire que les coureux de ce temps-là correspondent aux gens du voyage d'aujourd'hui, toutes proportions gardées s'entend. Il permet une appellation générale qui englobe les Bohémiens. On dirait aujourd'hui les Tsiganes ou les Rroms.

     

    Berloquet : Petit berlot...que l'on peut assimiler à " petit con ".. (patois du val de Bargis (58))

     

    Un roman et des coureux aux frontières de la Marche et du Berry

     

    Liens :

    * Les noms des voyageurs, ça dépendait où l'on se trouvait. Les différentes appellations : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=420961

    * Les coureux de Daniel Bernard, c'était un peu plus bas, vers le sud, le Berry : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=1150288

    * Un " coureux " de chez nous, Champalu à Vendôme : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=931739

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