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Mont-de-Marsan et le Flamenco
L'esprit du flamenco a sa capitale, Mont-de-MarsanLE MONDE | 08.07.10 | 16h04 • Mis à jour le 08.07.10 | 16h39Mont-de-Marsan Envoyé spécial
n juillet, depuis vingt-deux ans, Mont-de-Marsan est la capitale du flamenco. L'hiver, fin janvier, c'est Nîmes. Initiative du conseil général des Landes soutenue par la ville, le festival Arte Flamenco, dont l'édition 2010 est organisée du 5 au 9 juillet, est une référence chez les flamencos. Tous les grands s'y sont produits, et la plupart, encore "petits". Où se trouve le flamenco ? Au Sacromonte ? A l'Albaicin ? Dans les quartiers gitans de Grenade ? Oui et non. Il se trouve partout où passent les flamencos. De toute façon, quand les flamencos arrivent en ville, ils ne passent pas inaperçus. N'importe quel groupe de rock a des airs d'informaticiens en congrès à l'Hôtel Ibis.
<script language=JavaScript>OAS_AD('Middle1');</script> Neuf cents spectateurs, plus une salle de retransmission vidéo en son direct, autour de petites tables, comme au légendaire Bar Iberia de Séville, bruyants quand il le faut, silencieux au bon moment : pas de flamenco sans un vrai public, qui suppose échange, compétence, exigence.
De ce qui est ensemble une physique du corps, une gymnique sacrée de la danse, une science du rythme, un art de l'incertitude, une pratique du cri et des larmes, Arte Flamenco respecte aussi le secret : le flamenco est un "être", une façon de vivre, de marcher, de s'habiller, d'avoir des enfants. L'exposition de photos "Prohibido el Cante", présentée au Musée Despiau-Wlérick, jusqu'au 30 juillet, en donne le témoignage frappant. Tous les grands sont là (photo de Renoir par Robert Capa en 1953), Dali, Picasso, Cocteau. Mais comptent encore plus les détails, souvent anonymes : Joséphine Baker en flamenca, signé Harcourt (1939), les mains de Camaron de la Isla (Jean-Louis Duzert, 1990), ou de stupéfiantes antiquités de Gustave de Beaucorps (1938) et de José Ortiz Echagüe (1916).
Combien de temps a devant lui ce flamenco avec kitsch intégré ? Si l'on en juge par des pratiques populaires moins résistantes, on n'est pas forcément enclin à l'optimisme. Quand on entend Segundo Falcon chanter avec Paco Jarana (guitare), plus l'inévitable joueur de caisson (le "cajon" électronique) qui s'impose partout, on se dit : le flamenco a l'éternité pour lui. Quand on voit Juana Amaya danser avec sa fille, Nazareth Reyes, 17 ans, à qui elle passe le relais avec six gaillards (chanteurs, musiciens) pour témoins, on en est sûr.
Gaieté d'enfant
Juana Amaya, en deuil de son père, n'a pas dansé depuis deux ans. Elle passe à vue par tous les états, la colère, la rage, les larmes, la détestation du Ciel, la confusion, avant de retrouver, sous nos yeux (trois robes sublimes), un corps soudain rajeuni, un sourire de jeune fille, une gaieté d'enfant.
Jeudi 8 juillet, la Macanita ne viendra pas, comme prévu, à l'invitation de Moraito Chico : son père, à Jerez, est au plus mal. Les organisateurs d'Arte Flamenco, si attentifs à ce que les prestations retrouvent l'esprit, la grâce du café-concert, l'accueil chaleureux, ont eu toutes les peines du "cante" à la conjurer de rester à Jerez. Elle sera remplacée par Juana la del Pipa et reste invitée permanente. En flamenco, tout est flamenco, même la façon de ne pas venir.
Arte Flamenco, à Mont-de-Marsan. Jusqu'au 9 juillet. Sur le Web : Arteflamenco.landes.org.
Francis MarmandeArticle paru dans l'édition du Monde en date du 09.07.10Flamenco sur Imageschak
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