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BOUTET Gérard
Gérard Boutet
Gérard Boutet est né d'une famille dont l'histoire se confond avec celle d'un terroir. Ses aïeux vécurent tous dans le même village du cœur de la France, dans la maison ancestrale qu'il habite toujours. Il est le dernier maillon d'une longue chaîne de paysans et c'est tout naturellement qu'il rend hommage aux gens des champs qui l'ont précédé.
* Ils étaient de leur village..., éditions Denoël, 1979
" Sur les traces de colporteurs suivaient les Bohémiens, qu'on nommait joliment les baladins. Ceux-là étaient mieux acceptés [que les colporteurs], ce qui peut surprendre venant des paysans si sourcilleux. Ils se disaient rémouleurs, rétameurs, rétameurs, chaudronniers, rempailleurs ou vanniers. Les femmes et les marmailles frappaient aux portes pour vendre des dentelles, ou dire la bonne aventure, tandis que les hommes ramassaient de l'ouvrage. Les paysans restaient malgré tout sur leurs gardes lorsqu'ils apercevaient les roulottes qui s'en venaient brinquebaler par ici. On savait que ces oiseaux de passage ne se gênaient guère pour chaparder les poules des basse-cours et l'osier des vignes, et on ne faisait rien pour les attirer. Quand une baladine se montrait par trop collante aux cotillons de la maîtresse de maison, celle-ci menaçait de détacher son chien à vaches ; l'indésirable s'éloignait aussitôt en grommelant ses sortilèges. On en riait bien fort car on ne voulait point y croire mais au fond de soi, on se sentait brusquement mal à l'aise.
Les romanichels venaient encore dans le fermes pour y acheter du lait, de l'avoine, de la paille, du foin, ou pour faire boire leurs canassons. Ils payaient sans discutailler.
Ils campaient toujours aux mêmes endroits : devant le cimetière ou en orée de hameau. C'étaient souvent les mêmes roulottes, on finissait par les reconnaître. Le charron du bourg les réparait, ou leur en fabriquait de nouvelles. Là encore, ils payaient sans marchander, à croire que leur misère n'était que feinte. Ils ne se contentaient pas de vendre, ils laissaient également quelque argent au village : c'est certainement pour cela qu'on les appréciait mieux que les colporteurs qui, eux, ne sefendaient pas d'une thune. "
Pages 48-49
Autre extrait de l'ouvrage qui décrit les rapports entre Cirque et Bohémiens
Liens :
* Le don du Voyage, un aspect méconnu des usages chez les Tsiganes : http://filsduvent.kazeo.com/Don-du-Voyage,a485077.html
* Un métier du Voyage, la Bohémienne diseuse de bonne aventure autrement dite cartomancienne : http://filsduvent.kazeo.com/?page=article&ida=485094
* Chiner, la chine des Tsiganes n'est pas à l'autre bout du monde : http://filsduvent.kazeo.com/La-Chine-c-est-pas-l-Perou-mais-a-fait-vivre,a485281.html
* Les Bohémiens et le cirque par G. Boutet : http://filsduvent.kazeo.com/Cirque-et-bohemiens-au-village,a642533.html
* Noms des Voyageurs ; poésie et analogie : http://filsduvent.kazeo.com/?page=article&ida=485272
* Métiers des Bohémiens : http://filsduvent.kazeo.com/metiers-exerces-revenus-des-gens-du-voyage-a121150582
Tags : Bohémiens dans les campagnes
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