Parce qu’ils étaient considérés comme des « asociaux », entre 250 000 et 500 000 Tsiganes, sur les 700 000 qui vivaient en Europe, ont été exterminés pendant la seconde guerre mondiale par les nazis et leurs alliés, à l’exception de la Bulgarie. L’imprécision de ces statistiques est due à la fois à la pénurie de documents les concernant et à leur propre tradition : « Le peuple tsigane n’est pas un peuple du souvenir, mais de l’oubli. » Et même les juifs sont « rares à se souvenir de ces misérables, aussi désemparés qu’eux, conduits à la chambre à gaz ». Génocide oublié auquel participa également la France de Vichy en les plaçant, dès octobre 1940, dans des camps d’internement, placement facilité par la loi de 1912 ordonnant leur fichage comme « nomades ».
Ceux qui échappèrent à la déportation à l’Est, synonyme d’extermination, restèrent internés jusqu’en... 1946. La Libération, comme la population française, les a ignorés. Et, pourtant, certains avaient rejoint la résistance des « gadjé ». Les Tsiganes n’en demeurent pas moins invisibles, et l’Etat français, à la différence de l’Allemagne et de la Suisse qui ont au moins partiellement honoré leur dette à leur égard, ne veut toujours rien savoir sur le plan des réparations, même symboliquement. Vous avez dit négationnisme ?