• MATHURIN-ZAMORD-VIDAL, Laurence

    Laurence Mathurin-Zamord-Vidal

     

    * Mémoires d'une Gitane - Autobiographie, autoédition ICN, 2011

     

     

    Pessac

    Ali Baba était gitane

    Témoignage Laurence Mathurin-Zamord-Vidal, patronne de l'étonnante Caverne d'Ali Baba, se confie dans un ouvrage à valeur documentaire : « Mémoires d'une Gitane »

    MATHURIN-ZAMORD-VIDAL, Laurence

    Laurence dans sa boutique de l'avenue Jean-Jaurès, un vide-greniers permanent. photo W. D.

     
     
        Jamais enseigne n'aura si bien convenu. Sitôt poussé le portail de jardin, avenue Jean-Jaurès, à côté des grosses lettres rouges « Caverne d'Ali Baba », les objets se bousculent vers vous, animés des innombrables vies qu'ils ont traversées, prêts à tendre leurs souvenirs à de nouveaux acquéreurs. Vide-greniers permanent où des chineurs mélangent leurs statuts sociaux. Un coffre-fort, un piano, des tables, des chaises, tabourets, livres, tableaux, bibelots, vaisselle, robes, ustensiles, statuettes, objets en tous genres, objets pauvres ou presque précieux, objets à l'infini, fatigués mais gaillards, couleurs vives ou passées, vrais reflets, faux brillants…

    Ce bric-à-brac forme une haie d'honneur hétéroclite du jardin à la tente, de la tente au bungalow, du bungalow au chalet, antichambres du modeste pavillon.

     Ils vous conduisent à elle, qui trône au fond, assortie, la paupière richement maquillée, bouche carmin et large, crinière noire, bouclée, fournie, la frange basse. À l'égyptienne ? Alors version gipsy.

    Multiples vies

    Dans ses « Mémoires d'une gitane », Laurence Mathurin-Zamord-Vidal annonce la couleur. Car elle accumule aussi les noms : « Mathurin, c'est mon nom de jeune fille, Zamord, celui de mon premier mari, un Antillais - je le fais à cause de mes enfants -. Roland Vidal est mon second mari. »

    Mariage récent. Car Laurence a eu beaucoup de vies. Pas toujours faciles. On le sent d'autant plus qu'elle les raconte avec des mots simples dans son autobiographie à compte d'auteur ; 300 exemplaires qui sortiront vers le milieu du mois (1). Elle ne vise pas le prix littéraire, mais la vérité : « C'est mon histoire. » Et celle de ses semblables.

    « Ils ne sont pas des voleurs d'enfants, des voleurs de poules, ou autres. Il y en a, bien sûr, mais croyez-vous qu'il n'y a que des Gitans qui volent ? […] Oui, cela me fait mal de voir, dans les magasins, les caissières s'affoler dès qu'un Gitan entre, alors que d'autres, qui ne le sont pas, volent sous leur nez ! »

    Si Laurence vend une caravane en face de chez elle, c'est à coup sûr celle d'un gadjo, un non-gitan. À propos, Laurence Mathurin a toujours été mariée avec des gadjé. Difficilement, pour cause de préjugés et de racisme. Jeune, dans les années 1960, quand elle a voulu épouser un beau militaire, l'armée s'y est opposée : « Parce que j'étais gitane. » Cette loi invraisemblable qui faisait de la « grande muette » (sauf pour dire non) un chaperon, n'a été abrogée que dans les années 1970. Entre-temps, et deux enfants plus tard, le troisième en route, elle avait fini par obtenir gain de cause grâce à l'intervention d'un prêtre. Le sabre obéit au goupillon.

    Quand elle s'est séparée, elle n'a pas obtenu la garde de ses enfants : « On m'a dit que mes ressources étaient insuffisantes. » Elle subodore une autre raison non dite.

    Des hauts, beaucoup de bas

    Cela ne fait donc pas de mal de passer de l'autre côté de la clôture d'une gitane sédentaire. Laurence raconte son enfance de fille d'un employé d'une entreprise de récupération de métaux, à Agen. Pas Agen même. La banlieue, la campagne, le terrain qu'on vous vend et qu'on vous reprend. La caravane sur laquelle on jette des pierres depuis le pont, les réflexions, les vexations, les soutiens parfois, jusqu'à cette petite maison cédée à tempérament par un employeur honnête.

    Laurence est montée jusqu'à Verdun rejoindre ce militaire que l'armée avait muté pour lui enlever toute envie de l'épouser. Elle est redescendue dans le Sud-Ouest. Mérignac, le Secours populaire, Pessac… Quelques hauts, beaucoup de bas. Et tout en haut, on l'espère, cette Caverne d'Ali Baba. Laurence a eu beaucoup d'enfants et de petits-enfants. Il ne lui manquait plus que d'être heureuse pour de bon. Un homme s'y emploie. Les 60 printemps de Laurence ne font que commencer.

    (1) « Mémoires d'une Gitane » (éd. ICN), 19 euros. En vente à partir du 15 juillet 2011, dans quelques librairies, au Burck, à Cestas, Agen et à la Caverne d'Ali Baba. Rens. 05 56 46 16 43 et 06 70 73 07 48.

     

    Un bel article du quotidien SUD-OUEST par WILLY DALLAY en date du 6 juillet 2011

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