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    Jean-Paul Colin, auteur du "Dictionnaire de l'argot français et de ses origines"
      
    "Le verlan existe depuis le XVIIe siècle"
    LE MONDE | 28.09.07
     
     
    ean-Paul Colin, vous êtes l'auteur du "Dictionnaire de l'argot français et de ses origines" (Larousse). Comment se constitue un argot ?

     

     

    Ce qui est mystérieux dans l'argot, c'est la façon dont il se transmet d'un groupe social à un autre et d'une génération à une autre. Mais les procédés de fabrication sont bien connus. Il y a d'abord l'utilisation de règles de transformation des mots, comme l'usage du suffixe "-ard", ou l'inversion des syllabes. Le verlan existe ainsi depuis le XVIIe siècle : dans les mazarinades, on disait déjà les Bonbours pour les Bourbons ! Il y a aussi des emprunts au vieil argot français - pensez au "daron", utilisé dès le XVIIIe siècle pour parler du maître et qui est aujourd'hui utilisé par beaucoup de jeunes. Dans certains cas, l'argot se construit grâce à des emprunts à des langues étrangères, comme l'arabe, l'anglais ou le rom. Une partie des terminaisons en "-ave" relève ainsi du rom. Mais pas toutes ! Dans certains cas, le "-ave" a été rajouté parce que cela sonnait bien.

     

    L'argot vient-il toujours des marges de la société ?

    Toutes les langues ont leur argot. Cela peut correspondre à de l'argot d'infraction où l'on se protège de la police grâce à un vocabulaire spécifique, qui a toujours été très riche (condé, schmitt, keuf...). Ou répondre à une logique identitaire, qui permet de se reconnaître. Pour moi, l'argot est à la fois à la marge et au coeur de la langue : on a tous besoin, à un moment, d'être hors normes, ce que l'argot permet. Mais c'est plus ou moins bien toléré socialement. Prenez le "Nique ta mère !". Cela signifie "Ta mère est une putain". Ce n'est pas anodin, mais ce n'est pas plus agressif que le "Putain, con !" si fréquent dans le sud de la France.

     

    Propos recueillis par Luc Bronner (Le Monde)
      
      
      

      
      
      
      
    Vous aussi connaissez des mots en " -ave " qui  sont issus du rom. Parlez-nous en !
      
    Bouillave (?)
      
    Chourave, chouraver, tchoukrave, chourer : Voler  ; étymologie : du romani tchorav (même sens).  In Dictionnaire de l'argot, par Jean-Paul Colin, Larousse, 1975
     
    Morave, marave, maraver : 1 - Battre, frapper. - 2 - Tuer.
    étymologie : du romani marav, je frappe. In Dictionnaire de l'argot, par Jean-Paul Colin, Larousse, 1975
     
    Entraver que tchi, j'entrave que tchi : je ne comprends rien. Faux ami : entraver vient de l'ancien français enterver (s'informer) en revanche tchi étymologie : du romani tchî, rien. 
    In Dictionnaire de l'argot, par Jean-Paul Colin, Larousse, 1975
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    bicrave :


    bicrave verbe transitif invariable. Du romani. 1. Vendre (de la drogue), dealer : « Franchement, je lui ai mis une grosse carotte avec le keusdi que je lui ai bicrave ! » 2. Voler.

    rodave :


    rodave verbe transitif. Du romani. 1. Regarder, surveiller, observer : « Rodave c'te VR6 sur la file de gauche ! Comment elle dégomme, mon gars ! » Syn. dikave. 2. Percer à jour, découvrir, surprendre : « Marcello s'est fait rodave par les keufs en train pécho un auto-radio ! Mais il a réussi à tailler ! » Syn. griller. <script type="text/javascript">// <![CDATA[ // <![CDATA[ window.google_analytics_uacct = "UA-1822502-1"; // ]]></script>
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    Tiré du site Dictionnaire de la zone : http://www.dictionnairedelazone.fr/

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    Le parler tzigane : Chourave, pillave, marave…

    La plupart des argots européens ont emprunté des termes tziganes. Les chavs, probablement issus du romani chavo (garçon), popularisés depuis les années 2000 au Royaume-Uni, s'apparentent aux racailles. Mais c'est dans la jeunesse française que les mots roms sont les plus utilisés. Le traditionnel chourave pour dérober. Marave pour frapper. Pillave pour boire de l'alcool. Signe de cette popularité, des " faux-tziganes "" Nuit gravement à la santé " ; le verbe bedave, pour fumer, vient effectivement d'un mot-racine tzigane (bédo pour joint) mais n'a jamais existé sauf dans l'imaginaire adolescent.

    voient régulièrement le jour avec la reprise de la terminaison en –ave : une nuigrave (cigarette) n'a rien à voir avec les gens du voyage mais découle de la contraction de

    Tiré de l'article Tour d'Europe des mots d'ados paru dans l'édition du 05.06.09 du quotidien Le Monde

     

    Mis à jour dernièrement le 7/06/2009
    Liens :
    * Le dictionnaire de la zone : http://www.dictionnairedelazone.fr/

     

     

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