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    JOURNÉE DE LA SOLIDARITÉ     

     

    "Les voyageurs ont peur des sédentaires"

    Dans cet article, il est question de Michel, un "voyageur" comme il se nomme, un Manouche, un Tsigane qui a participé à une journée de réflexion avec des "sédentaires", éducateurs, travailleurs sociaux, assistantes sociales... Tous membres de la Fédération Nationale des Associations solidaires d'Actions avec les Tsiganes et les gens du voyage. Michel est un exemple d'intégration. Il se déplace dans les collèges pour parler des siens.

    "Moi, je suis resté longtemps bègue parce que mes parents ne voulaient pas me scolariser et que j'avais du mal à communiquer. J'avais de la haine pour les autres". (Michel)

    "A 29 ans, j'ai décidé d'apprendre à lire et à écrire. Maintenant, ma vision du monde est différente. Je sers d'exemple à la communauté..." (Michel)

    A propos de l'incompréhension entre voyageurs etr sédentaires : "Les gens de ma communauté ont souvent peur. Une peur irrationnelle, mais une peur ancestrale. Peur des autres parce qu'ils sont rejetés..." (Michel)

    On apprend en outre dans cet article que :

    - 3500 gens du voyage environ vivent en Indre-et-Loire

    - Il existe un seul terrain aux normes dans le département, à Saint-Pierre-des-Corps, mais il est fermé en ce moment pour cause de travaux.

    - Philippe Blondeau est responsable du relais local de la Fnasat en Indre et Loire.

    - D'après P. Blondeau, il n'est pas facile de faire cohabiter Tsiganes et Roms, qui souvent se détestent.

    - P. Blondeau avec l'association Tsiganes et Voyageurs en Touraine propose :

                  * un service de domiciliation postale

                  * un accompagnement social

                  *monte les dossiers pour le RMI

                  *travaille contre l'illetrisme

     

    Article de Jacques Benzakoun dans La Nouvelle République du Centre-Ouest, secteur de Tours-agglomération du lundi 24 octobre 2005

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       "Nous savons par l'intermédiaire des médias qui relatent régulièrement des situations de conflit, que l'incompréhension et le rejet, la crainte et la défiance, dominent et précèdent les relations sociales au quotidien entre Tsiganes et Gadjé."

    Christophe Robert, page 9, dans la revue

    Recherche Sociale n°155 : Tsiganes, "Gens du voyage" - Analyses pour une action adaptée

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    "Gitano", c'est une histoire au gré des souvenirs, pas forcément dans l'ordre ; un puzzle imbriqué ne sait comment. C'est...  la vie.

     

       Il a réussi à me parler des nuages, de quelque chose qui se situait derrière. Je ne saisissais pas le contexte, j'avais du mal à évaluer ses positions.
    J'ai ressenti le bonheur à plusieurs reprises à l'écouter, à communiquer avec lui. Heureux comme il ne l'était que peu souvent, Gitano, m'imaginais-je...

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     Ca a eu lieu voici bientôt vingt ans. Je me souviens de ma première voiture : une R4, dite "4L".
    Pourquoi je me trouvais là ce jour précis ? Ma mémoire me trahit. Toujours est-il que je me vois sur un pont enjambant le vieux Cher. peut-être était-ce pour estimer l'état du trou d'eau en cet été finissant ? Car, à cette période, mon grand plaisir, accompagné de mon ami Vincent, était de "crôner", c'est à dire de pêcher à la main des poissons*. Sans me vanter, j'étais devenu une sommité dans cet art.
    Ne voilà-t-il pas qu'encontrebas de ce pont, j'avise un jeune homme qui s'exerce à mon activité favorite. Au début, il ne m'avait pas vu, aussi, je pus apprécier ses qualités d'attente et d'agilité. Etait-il seul ? D'où venait-il ? Je connaissais les braconniers à plusieurs kilomètres à la ronde. Mais, jamais je n'avais vu ce type. Je décidais donc de l'espionner un peu. Mais il finit par m'apercevoir et de vouloir filer pour se cacher...

    *On peut voir un cours de pêche à la main dans Swing, le merveilleux film de Tony Gatliff

    **********

    Ca ne mordait pas des masses notre affaire. De poisson, quetchibal*. J'avais envie de l'emmener sur mes terres mon nouvel ami. Là, je lui aurais fait voir. Comment on attrapait le barbillon dans les algues longues serpentant dans le courant. Mais, d'un autre côté, j'avais peur qu'il me le chippe, mon terrain giboyeux. Il aurait amené là toute la tribu et pratiqué la technique de  la terre brûlée. Je ne voulais pas prendre ce risque.
    Je réussis à convaincre mon nouvel ami sourd-muet de monter dans ma voiture afin de le ramener parmi les siens. Non sans auparavant avoir fait un détours par le bureau de tabac.

    * Quetchibal : littéralement "rien du tout" en langage d'alors.

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    Gitano, c'était Duris en (beaucoup) plus malchanceux

     

    Alors, on est arrivé au campement des Gitans. Dans ma mémoire, je vois des caravanes et des roulottes clairsemées, entre 6 et 10 unités. Je me gare, stupide, comme un gadjo que je suis. Et là, je pénètre dans un autre monde. Des vieilles femmes et de rares petits enfants vont à leurs occupation tandis que Gitano explique comme il peut le pourquoi de son arrivée en voiture.
    Aussi sec, de jeunes Romanichels me tombent dessus me demandant de les emmener samedi soir au bal.
    - Oui, peut-être, je n'avais pas songé à aller vraiment dans cette direction mais..?

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    Gitano pouvait avoir dix-huit à vingt-cinq ans. Il était beau comme la jeunesse sait produire des hommes. J'aurais voulu lui dire ce que je connaissais de la pêche. Sa surdité m'en empêchait. Il voulait exprimer son contentement de m'avoir rencontré ; de sa bouche ne sortaient  que des bruits inquiétants ou...

    **********

    Et puis, mon nouvel ami s'est littéralement dissous dans le campement. Il est allé retrouver les jeunes femmes, les infirmes peut-être, tout le mystérieux de sa tribu dont je n'avais plus devant les yeux que la partie visible de l'iceberg.
    - Tu peux venir nous chercher samedi soir, pour aller au bal ?
    - Il y a un  bal tu peux venir !
    - Samedi
    Et je n'étais plus en relation...

    **********

    Gitano, c'est le prénom que j'ai choisi pour mon ami qui, étant sourd et muet, ne parlait que par onomatopées ou quelques sons qu'il avait l'habitude de produire. Sons accompagnés de mouvements de mains et de bras. Comme il était émouvant de le regarder et de l'écouter s'exprimer avec ses moyens. Et cependant, une crainte irrépréssible montait en moi. Comment Gitano avait-il réussi à vivre jusqu'ici ? Que faisait-il tout seul, loin de chez les siens quand je le trouvai ?

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    3 commentaires
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    Chacun a sa place à l'ombre

      

    (proverbe gitan)    Bisou

      

     

    Actualité de la rubrique Dicton, proverbes, sentences sur le site Filsduvent.oldiblog

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