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    Niglo, hérisson des Tsiganes

     

    Légendes


           Nombre de textes du fonds légendaire décrivent le hérisson se roulant dans les pommes (figues ou raisins) qu'il emporte au bout de ses piquants avant d'aller entasser son magot dans sa cachette. Le hérisson a donc hérité d'une réputation peu enviée d'avare et de gourmand. Par surcroît, les épines qui couvrent le corps de l'animal ont spontanément engendré une violente répulsion plutôt qu'un courant de sympathie naturelle. Aussi accusait-on le hérisson de multiples maux. Notamment de dévorer la volaille et de détruire les arbres fruitiers.
      Dans les croyances populaires, le hérisson semblait s'acharner tout particulièrement sur les vaches. Pour ne citer que quelques-unes de ses facéties, on lui prêtait l'habitude de téter le lait du bovin ou de l'empêcher de vêler par sa seule présence dans une étable. De surcroît, une vache ne produisait plus de lait lorsqu'elle enjambait un hérisson, mais aussi quand elle mangeait la même herbe (ou buvait la même eau) que lui. Ainsi, globalement, le hérisson jouissait d'une solide réputation maléfique. Dans les campagnes, on recommandait de le tuer afin d'écarter le mauvais sort qu'il traînait dans son sillage.
     

    In, Peurs, croyances et superstitions, Daniel Lacotte, Éditions Ouest-France, 2001

     

    On comprend que le niglo ait une valeur toute particulière aux yeux du Tsigane. Le hérisson est un peu un autre lui-même.

    Néanmoins, le revirement constaté ces quelques dernières dizaines d'années par les sédentaires à l'égard du hérisson (voir ci-dessous ce qui concerne sa protection organisée), ne s'est pas produit vis-à-vis du Tsigane. Ce dernier n'intégrant pas le paysage écologique rêvé du gadje.

    Cette réaction est d'autant moins compréhensible par un Gitan déjà très marginalisé par le monde du travail, donc ne disposant que de peu de revenus, et ayant traditionnellement recours aux produits "gratuits" de la nature.

    Denis Toulmé le 5/10/2010

     

     

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       Il existe deux manières de cuire le niglo (le hérisson des Tsiganes). Nous les découvrons dans l'ouvrage Le Narvalo.

    1 - Bassine d'eau bouillante et sarbacane en sureau

    2 - Enduit de terre glaise dans le feu

     Sources : GENEUIL Guy-Pierre, Le Narvalo, Lattès/Éditions N°1, 1987

     

     

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    " Il [le hérisson] doit craindre les Bohémiens qui aiment sa chair pourtant très grasse, à défaut d'autre gibier. "

     

         En rentrant de l'école, je suis passé près d'un Bohémien.

        Il tenait à la main un hérisson qu'il avait tué pour le manger.

    - C'est un " nez de cochon ", dit-il, c'est bon !

        Pour le dépouiller plus facilement, il l'a gonflé avec une pompe à bicyclette ; l'air a décollé la peau de la chair.

    Jean-Paul

    BTJ (bibliothèque de travail junior) n°15, janvier 1967

     

     

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    LE NIGLO EN COLERE !

    (bulletin de la Commission des gens du voyage, éditée avec le soutien de la CNT AIT)

     

     

     

     

     

     

     

     

      Attention ! Le hérisson est protégé à la fois par la convention européenne de Berne de septembre 1979 et par un arrêté ministériel de 1981.
     Toute capture est passible de 9000 euros d'amende et de six mois d'emprisonnement.

        

    Très longtemps on a vu sur les routes des hérissons écrasés par les automobilistes. Maintenant, on en voit moins, presque plus. Quoi de plus gentil et inoffensif qu'un hérisson ! Et pourtant lorsque l'on a rien à se mettre sous la dent, c'est un met de choix. La vie est dure pour tout le monde.

     

     

    En témoigne ce fait divers paru dans la Nouvelle République du Centre-Ouest en date du 15/03/2007

       Dans la voiture de deux hommes de la communauté des gens du voyage, une équipe de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a saisi dix-huit hérissons vivants. " Les deux hommes laissaient leur chien fouiller le fossé et ne sortaient du véhicule que pour attraper l'animal rabattu. Ils nous ont indiqué qu'ils faisaient jeûner les hérissons vingt-quatre heures avant de les manger ", précise un membre de l'équipe de l'ONCFS. Les hérissons d'Europe, une espèce protégée, ont été relâchés dans la nature.

    Heureusement, l'histoire se termine bien pour les hérissons. On ne sait pas en revanche ce qui est advenu des contrevenants...

     

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    Niglès' ké guidli / La chanson du hérisson

     

    An vèsch mé djayam
    I tikno niglo mé hatsam
    Kéré mé djayam
    O tikno niglo mé kervam
    An gap mé djayam
    I koter maro mé mangam
     Kéré mé djayam
     O tikno niglo mé rhayam
     An i virta mé djayam
     I glaso bira mé piam
    Kéré mé djayam
    An tikno tchiben mé schloupfram



     

     

    La chanson du hérisson

    Dans la foret je suis allée
    Un p'tit hérisson j'ai trouvé
    A la maison je suis allée 
    Le p'tit hérisson je l'ai cuisiné
    Au village je suis allée
    Un bout de pain j'ai demandé
    A la maison je suis allée
    Le p'tit hérisson je l'ai mangé
    Dans un bar je suis allée
    Un verre de bière j’ai consommé
    A la maison je suis allée
    Dans mon petit lit j’me suis lovée

     

     

    Par Néri Nérina, fille de l'eau et de la foudre ! Tchoums à toi (le niglo, c'est à ton intention qu'il tire la langue) ;oD

     

     

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    Pour terminer, voici une histoire drôle :

    Comment les hérissons se reproduisent-ils ?

    Réponse : avec beaucoup de précaution

     

     

     

    *  ... "Les trimardeurs et les bohémiens s'intéressaient quant à eux aux hérissons, boules piquantes qu'ils déployaient en pissant dessus, comme font les renards."

     

    Page 22 , In, Nos grand-mères aux fourneaux, par Gérard BOUTET, SELD éditions, 1993

    Très brève digression de Gérard Boutet concernant les Bohémiens. Pour avoir parlé des gens de peu, des petits métiers, de la campagne profonde, on peut regretter que ce grand chroniqueur des villages n'ait pas plus remarqué dans son oeuvre des Français itinérants qui travaillaient aussi et effectuaient des travaux non moins utiles que les autres. D. Toulmé, le 14/03/2018

     

    Par ailleurs, Gérard Boutet décrit plus précisément ce qui concerne les niglos, nez-de-cochon ou nez-de-chien, dans les "Petits métiers oubliés", en particulier "le chauffeur de locomobile" (quel rapport ?), Petits métiers oublié - Les gagne-misère 3, P.88, Jean-Cyrille Godefroy éditeur/SELD, 2001

     

     

    Page mise à jour dernièrement le 19/06/2018

     

     

    Liens :

    * Pourquoi les femmes tsiganes n'aiment pas manger du hérisson, une légende sur Filsduvent.kazeo : http://filsduvent.kazeo.com/Legendes-contes/Ah-bon-Mais-pourquoi-les-femmes-tsiganes-n-aiment-pas-manger-le-herisson,a851362.html

    * Les hérissons seraient menacés par des prédateurs implacables, les gens du voyage ; les préjugés ont la vie dure : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=1478579

     

    * L'Aspas (Association de Protection des Animaux Sauvages) :

    http://www.aspas-nature.org/

    Mail : info@aspas-nature.org

     

    * One Voice : http://www.onevoice-ear.org/ 

    Et son combat contre un éditeur et des chasseurs mangeurs de hérisson en civet

     

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