"Tant que je suis encore capable de marcher, de parler, de comprendre ce qui se passe, j'estime qu'il faut être responsable. Tant que l'on peut avoir une influence, il faut en profiter", avait-il expliqué à la télévision suédoise en 2010. L'ancien résistant, né le 20 octobre 1917 à Berlin, n'a jamais cessé de combattre. Il y a eu la guerre, d'abord. Naturalisé français depuis seulement deux ans, ce normalien, diplômé d'études supérieures de philosophie, est mobilisé en 1939. En 1941, il rejoint les Forces françaises libres, avant d'être arrêté par la Gestapo et déporté à Buchenwald en 1944.

Une vie à combattre

Sa vie, depuis, est un engagement perpétuel pour les droits de l'Homme. Depuis sa participation, au côté de René Cassin, à l'élaboration de la Déclaration universelle des Droits de l'homme en 1948, jusqu'à son manifeste "Indignez-vous!", en 2010. Au fil des ans, il a alterné les fonctions à l'ONU, travaillant à l'aide au développement, et des postes dans la haute fonction publique française touchant à la coopération.

Avec Indignez vous !, Stephane Hessel a livré son dernier acte de résistance. "93 ans. C'est un peu la toute dernière étape. La fin n'est plus bien loin", écrivait-il. Son petit bouquin de trente pages à peine, à trois euros, a fait l'effet d'une bombe. L'engouement vire au phénomène de société. Stéphane Hessel, l'ancien résistant, y lance un appel. Résister aujourd'hui, c'est possible : " dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l'indifférence".

 

Le traitement fait aux immigrés, aux sans-papiers, aux Roms, l’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, en passant par l’état de la planète, jusqu’à la dictature des marchés financiers, l'auteur égratigne et provoque. Protestant également contre la violence exercée par l’armée israélienne en Palestine, Stéphane Hessel, pacifiste convaincu, prône la résistance non violente. Le mouvement des Indignés est né. De Wall Street à New-York en passant par Madrid et Athènes, des millions de jeunes se revendiqueront de son influence.

>Avec cette onde de choc, Stéphane Hessel a réussi son pari. Il a donné du sens aux combats, même perdus d'avance, d'une jeunesse révoltée partout dans le monde. Et lui a donné l'assurance qu'elle n'était pas aussi isolée qu'elle le pense. Une philosophie qu'un autre grand résistant, Edgar Morin résumait ainsi : "Que serions-nous devenus sans la Résistance ?Nous aurions eu une carrière. Grâce à la Résistance, nous avons eu une vie".