-
VERNE, Jules
Jules VERNE
* Michel Strogoff, Pierre-Jules Hetzel Éditeur, 1875
Bohémienne dans l'édition originale ; dessin par Jules-Descartes Férat
[...] Au nombre de ces bohémiens, accourus des provinces de lOuest, figurait la troupe tsigane qui avait accompagné Michel Strogoff jusquà Perm. Sangarre était là. Cette sauvage espionne, âme damnée dIvan Ogareff, ne quittait pas son maître. On les a vus, tous deux, préparant leurs machinations, en Russie même, dans le gouvernement de Nijni-Novgorod. Après la traversée de lOural, ils sétaient séparés pour quelques jours seulement, Ivan Ogareff avait rapidement gagné Ichim, tandis que Sangarre et sa troupe se dirigeaient sur Omsk par le sud de la province.
On comprendra facilement quelle aide cette femme apportait à Ivan Ogareff. Par ses bohémiennes, elle pénétrait en tout lieu, entendant et rapportant tout. Ivan Ogareff était tenu au courant de ce qui se faisait jusque dans le cur des provinces envahies. Cétaient cent yeux, cent oreilles, toujours ouverts pour sa cause. Dailleurs, il payait largement cet espionnage, dont il retirait grand profit.
Sangarre, autrefois compromise dans une très grave affaire, avait été sauvée par lofficier russe. Elle navait point oublié ce quelle lui devait et sétait donnée à lui, corps et âme. Ivan Ogareff, entré dans la voie de la trahison, avait compris quel parti il pouvait tirer de cette femme. Quelque ordre quil lui donnât, Sangarre lexécutait. Un instinct inexplicable, plus impérieux encore que celui de la reconnaissance, lavait poussée à se faire lesclave du traître, auquel elle était attachée depuis les premiers temps de son exil en Sibérie. Confidente et complice, Sangarre, sans patrie, sans famille, sétait plu à mettre sa vie vagabonde au service des envahisseurs quIvan Ogareff allait jeter sur la Sibérie. A la prodigieuse astuce naturelle à sa race, elle joignait une énergie farouche, qui ne connaissait ni le pardon ni la pitié. Cétait une sauvage digne de partager le wigwam dun Apache ou la hutte dun Andamien.
In, Michel Strogoff, par Jules Verne, 2ème partie, chapitre 2, Une attitude d'Alcide Jolivet
Dans cette ouvrage de Jules Verne, Sangarre la Bohémienne incarne la fourberie.
Les gens comme cette Bohémienne, "sans famille, sans patrie" peuvent être tenté, d'adopter des solutions désespérées, ne reculant devant rien pour sauver leur vie.
Maurice de Becque 1878-1938, Michel Strogoff, la Bohémienne Sangarre 1904
Cette page a été mise
à jour dernièrement
le 7 mars 2023
Liens :
* La fourberie chez les Tsiganes, une trait de caricature qui a la vie dure : illustration avec l'ouvrage Hakini Bougouri - Nomadisme, d'Alphonse-Louis Lally : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=322317 http://filsduvent.kazeo.com/Lally-Alphonse-Louis-a121151286
* L'ouvrage suivant, sur l'univers des forains, marchants ambulants et Tsiganes des marchés : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=1780091 http://filsduvent.kazeo.com/Dumas-louis-a12115140L
-
Commentaires