•  

     

    La prison d'habitude n'est-elle pas déjà une petite mort ?

     

             Notre vie devrait être plus nomade. La preuve en est que lorsque nous changeons de situation, nous ressentons très vivement les impressions. Au lieu de quoi, dès que nous nous sentons bien quelque part, nous y "creusons notre trou", au propre comme au figuré. En effet, nous y apportons tout notre petit confort. Et puis, nous oublions de vivre. Nous sommes comme bercé par l'addiction du confort.

    Comme dit Brigitte Fontaine dans une chanson :
    " Si vous ne trouvez plus rien, cherchez autre chose ! "

     

    Tant de mouvement et si peu de vie au fond...

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

    Exilé ? Sans repère et rempli de contradictions :

    le Gitano de Steinteck

     

     

     

              " A ce moment, une forme mouvante attira les yeux de Jody [10 ans]. Un homme franchissait à pas lents le sommet de la colline sur la route venant de Salinas, et il se dirigeait vers la maison. Jody se leva et descendit aussi vers la maison car s'il venait quelqu'un il voulait être là pour le voir. Jody était déjà à la maison que l'homme n'était encore qu'à moitié chemin sur la route, un homme maigre, très droit d'épaule. Jody n'aurait pu reconnaître qu'il était vieux n'eût été le fait que ses talons frappaient le sol avec des saccades brusques. Quand il fut plus près, Jody vit qu'il était vêtu d'un pantalon et d'une veste en serge bleue. Il portait des chaussures grossières et un vieux chapeau Stetson à bord plat. Il avait sur l'épaule un sac de jute bourré jusqu'au bord. Au bout de quelques instant il s'était suffisamment approché, de son pas traînant, pour qu'on puisse voir son visage. Ce visage était bruni comme du boeuf séché. Sa moustache, d'un blanc bleuâtre à côté de la peau fonçée, retombait sur sa bouche, et ses cheveux, blancs également, recouvraient sa nuque. La peau de sa figure s'était ratatinée sur l'ossature si bien qu'elle dessinait le contour des os sans aucune trace de chair et qu'elle faisait paraître le nez tranchant et fragile. Les yeux étaient grands, profonds, sombres, sous des paupières très tendues. Les iris et les pupilles ne faisaient qu'un, très noirs, tandis que le blanc des yeux était brun. Il n'y avait pas une seule ride sur le visage. Ce vieillard portait une veste de serge bleue qu'il avait boutonnée jusqu'au cou par des boutons de cuivre, comme font toujours ceux qui n'ont pas de chemise. Des manches, sortaient des poignets robustes et osseux, et des mains noueuses et dures comme des branches de pêcher. Les ongles étaient plats, courts et luisants.

       Le vieillard s'approcha de la barrière et déposa son sac à terre quand il se trouva vis-à-vis de Jody. Ses lèvres s'agitèrent légèrement et une petite voix impersonnelle en sortit.

       - Tu habites ici ?

       Jody était intimidé. Il se retourna pour regarder vers la maison, puis vers la grange où se trouvaient son père et Billy Buck.

       - Oui, dit-il en ne voyant venir de secours d'aucune des deux directions.

       - Je suis revenu, dit le vieillard. Je suis Gitano et je suis revenu.

     

    [...]

    Gitano était mystérieux comme les montagnes. Il y avait des chaînes de montagnes aussi loin qu'on pouvait voir, mais derrière la dernière chaîne entassée contre le ciel il y avait un grand pays inconnu. Et Gitano n'était qu'un vieillard avant qu'on ne rencontre ses yeux noirs et éteints. Mais, derrière ces yeux-là, il y avait une chose inconnue. Il n'en disait jamais assez long pour qu'on puisse deviner ce qu'il y avait à l'intérieur, derrière ces yeux... "

     

    Dans Le poney rouge de John Steinbeck, Gallimard, 1946

    Notez l'importance des couleurs dans la description de première partie. Les contrastes soulignent à la fois la silhouette atypique de Gitano et l'embarras de l'enfant.

     

    Un monde inconnu derrière ces yeux...

    Gitano aux Saintes © Copyright  Simone Boddi 

     

     

    Liens :

    Autre portrait dans la littérature, le violoniste tsigane :

    Le Village oublié - 4 années en Sibérie, Alsatia, 1950. Ouvrage de Théodore KRÖGER : Bonheur et magie de la musique tzigane

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

    Conseil à un voyageur timoré qui s'apprêtait à traverser une forêt hantée par des êtres surnaturels

     

     

     

    Par le bois du Djinn, où s'entasse de l'effroi,

    Parle ! Bois du gin !... ou cent tasses de lait froid

     

    (le laid froid, absorbé en grande quantité, est bien connu pour donner du courage aux plus pusillanimes)

     

    dans Des vertes et des pas mûres - Anthologie par Alphonse Allais, Nathan, 1983

     

    Site très d'hiver d'Annelise

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires