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Par Caillie le 30 Octobre 2007 à 10:58
Le désoeuvrement chez les Tsiganes
La déculturation entraîne la perte des repaires culturels traditionnels
Lorsque le Voyage n'est plus un élément de la culture, les valeurs ne sont plus celles liées au nomadisme :
- Les anciens perdent leur place privilégiée de livre vivant dans le groupe. Ils deviennent comme inutile car leur savoir est considéré comme caduque.
- Les jeunes font la connaissance des modèles culturels des sédentaires occidentaux dès l'école. Entre les deux modèles très différents, ils sont tiraillés. La civilisations du matériel avec sa tête de pont, la télévision, contre le monde ancien, qu'on imagine révolu, la pensée libre mais codifiée des Tziganes sur les chemins.
Un avenir incertain
Cette situation perturbe gravement l'environnement social et se traduit par :
- les problèmes familiaux (plus d'autorité dans familles, désagrégation du lien familial)
- l'illettrisme de quoi découle le paupérisme (les difficultés scolaires font que les enfants du voyages sont condamnés à n'effectuer que des tâches très subalternes dans leur avenir, des tâches peu rémunérées et peu valorisantes)
- le désœuvrement qui engendre lui-même des actes délictueux, alcoolisme, drogue et prostitution.
- cet état de fait est entretenu et même stigmatisé par le racisme ambiant anti-tsigane
Des Rroms en France : les barrières sont multiples (Source L'Express.fr, photo 27 août 2010, camp de Roms à Villeneuve-d'Ascq)
Histoire du désœuvrement :
Jadis, les Tsiganes étaient déjà accusés de désœuvrement. Il est bien évident que, en rapport des paysans qui travaillaient dans les champs, les Bohémiens paraissaient bien heureux ou un peu fou, selon les saisons. Mais ils devaient tout de même travailler beaucoup, ne serait-ce que de l'intellect, pour survivre. Leur manière de vivre simple mais rude nourrissait l'imaginaire paysan en particulier. Afin d'empêcher nos petits sédentaires occidentaux de trop idéaliser la vie des nomades, on a associé leur soit disant désœuvrement au pêché dont ils étaient soi-disant toujours, voire irrémédiablement, coutumier (voir la légende du 4e clou de la croix, leur condamnation à l'errance pour avoir renié la foi chrétienne). D'où un racisme qui consistait à reléguer ce peuple errant à un statut de sous homme. Un peuple qui ne pouvait pas grandir, qui avait été maudit. On connaît les aboutissants de cette pensée au XXe siècle (Le Porrajmos ou Samudaripen).
Alors qu'avant, le " désœuvrement " était inhérent à la façon de vivre des Tsiganes -une culture différente qui induit un rythme de vie différent-, il n'était pas réel. Il était perçu et entretenu comme tel par les populations sédentaires. Aujourd'hui, il est, pour les Rroms ou tsiganes, bien réel. C'est le fruit de décennies de volonté politique de freiner et de stopper le nomadisme tsigane.
Dernière mise à jour : le 19/06/2021 Liens :
* Illustrations de la fainéantise, de l'indolence, ou d'une simple utilisation différente du temps sur le site des Fils du vent sans pays :
- Jan Yoors sur les chemins tsiganes : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=1139210
- Alphonse-Louis Lally romancier populiste : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=282041
* Fumer pour oublier la faim ou la douleur chez les Tsiganes : http://filsduvent.kazeo.com/Fumer-pour-oublier-la-faim-a121151056
* L'extermination des Tziganes d'Europe, Porajmos ou Samudaripen : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=244383
* La légende des Tziganes condamnés à l'errance pour avoir renié la foi chrétienne : http://filsduvent.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=1683109
* Racisme à l'encontre des Tsiganes, ça en arrange beaucoup ! : http://filsduvent.kazeo.com/racisme-vis-a-vis-des-tziganes-a121150580
* Un regard ancien, dégradant à l'encontre des Tsiganes, celui de Francisque Michel (1864 et 1867) : http://filsduvent.kazeo.com/les-Bohémiens-conté-par-Francisque-Michel-a121151684
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